Algeriens Jordanie Amman
Algerie, Moyen Orient

Des Algériens de Jordanie racontent l’histoire d’un exil

Des Algériens ont quitté le pays natal depuis de longues décennies par vagues successives, vers le lointain moyen orient. C’est l’hisoire d’un éxil, mais un  attachement aux racines


Certains descendants de familles d’Algériens établies en Jordanie, autrefois partie intégrante de la “Grande Syrie” qui regroupait à la fois la Syrie, la Palestine, la Jordanie et le Liban, confient leur ferme détermination à préserver jalousement leur identité algérienne et leur volonté de ne jamais rompre le contact avec leurs proches parents restés en Algérie.

Ils en veulent pour preuve le fait qu’ils ne manquent jamais, dans l’ensemble, de s’acquitter régulièrement de leur devoir électoral auprès des services consulaires algériens où ils sont dûment inscrits.

A en croire l’un deux, Hadj Ahmed Al Sharif (Echarif) , fondateur de l’Association locale Okba Ibnou Nafâa, on dénombre aujourd’hui quelque 100.000 citoyens jordaniens, Algériens d’origine en majorité avec d’autres maghrébins.

Descendante de Amor Benali Ath Cherif, la famille Al Sharif est l’une des plus importantes et des plus anciennes familles algériennes établies en Jordanie et formerait le “noyau” fondateur de la ville de Mafraq, à 70 km à l’est de Amman non loin des frontières syriennes.

Mohamed Echarif travaille à reconstituer la mémoire et l’histoire de sa famille et raconte qu’en 1892, son ancêtre Amor Benali Ath Chérif a quitté son village natal de Tizi Bouamane à Ath Khalili (actuellement dans wilaya de Tizi-Ouzou) en compagnie de sa famille, en l’occurrence ses deux frères Ahmed et M’hamed Amechtouh et une dizaine de membres de la grande famille Echarif.

Mohamed rapporte que son arrière grand-père avait quitté l’Algérie pour s’établir à Yafa, en Palestine, où il avait acquis des fermes et des terres, y compris celles ayant servi plus tard à la construction de l’aéroport d’Ellad dans l’Israël actuel.

Avec la fondation de l’Emirat de la Jordanie de l’Est au début des années 1920, deux membres de la famille Al Sharif, Hocine et Salah, choisirent de quitter la Palestine pour s’établir en Jordanie, dans la ville de Mafraq, alors que les deux autres, Abdellah et Mustapha Benyounes, restèrent en Palestine.

Abdellah tombera plus tard en martyr après avoir pris part à la résistance palestinienne contre les Anglais pendant la guerre de 1936, tandis que Mustapha fut condamné à mort et exécuté le jour de l’Aid El-Adha de la même année.

Des Algériens et des Maghrebins accueilis par le Roi Abdellah I

Dès leur arrivée à Mafraq, une zone pauvre et aride mais riche par sa position géostratégique proche des frontières syriennes et saoudiennes et terre de passage de la voie ferrée du Hidjaz– les Echarif ( Al Sharif) Acquièrent alors au Roi Adbellah I une terre pour y vivre et travailler, chose qu’il fit par une décision royale en bonne et due forme.

Hadj Ahmed Ben Hocine Al Sharif raconte, à son tour, que d’autres familles d’origine algériennes ne tardèrent pas à s’installer dans la région, comme la famille Rakik (Reguieg) de Djelfa dont les descendants y résident toujours.

Des familles d’algériens et d’origine maghrébine et de bien d’autres nationalités, religions et communautés (Kurdes, Arméniens, Tchétchènes…) s’établiront dans cette même région et y travailleront la terre avant de se convertir au commerce, à l’instar de la famille Al Sharif.

Lotfi ECHARIF, un grande figure de la révolution Algérienne

Ancien cadre retraité vivant entre l’Algérie et la Jordanie, Mohamed Echarif ( Al Sharif) rapporte, lui, que la guerre de libération algérienne (1954-1962) a “trouvé un grand écho parmi beaucoup d’émigrants algériens d’Orient”, poussant un grand nombre d’Algériens à rentrer au pays pour y participer.

Lotfi Echarif était de ceux-là et fut arrêté en 1957, ainsi que 21 de ses camarades, lors de la “Bataille d’Alger” et son nom figure dans “L’Echo d’Alger” dans son édition du 27 octobre de la même année.

Selon d’autres témoignages, l’attachement au pays d’origine était tellement puissant que les grands parents faisaient tout, par la magie des liens du mariage, pour assurer la continuité d’une descendance purement algérienne.

Plus près de nous, les plus jeunes des familles algériennes établies en Jordanie préfèrent, dans beaucoup de cas, dit-on, retourner en Algérie dans une sorte de mouvement d’émigration inverse, en tant qu’investisseurs ou employés, surtout ceux qui ont étudié en Algérie.

L’arbre du souvenir et de la nostalgie

La famille Al Sharif ( ECHARIF), qui possède des biens immobiliers à Mafraq, a pour habitude de planter un arbre à l’emplacement même où l’un de ses membres élit nouvellement domicile.

L’arbre, on le baptisera “la branche étrangère”, une façon comme une autre de rappeler aux générations montantes que ces terres nourricières ne sont quand même pas la patrie d’origine.

On trouve aussi l’arbre de famille”, qui symbolise aussi bien les membres établis en Jordanie que ceux restés en Algérie.

C’est la “mémoire intégrale” de la famille. Les Echarif se vantent d’être les fondateurs de la ville d’Al Mafraq, qui s’appelait à l’origine “Al fadayne”.

La ville accueillera un peu plus tard d’autres familles d’algériens comme les Bouroumane (Abou Romane) et Rakik (Reguieg) de Djelfa, Zouaoui de Kabylie, Ghoual, Chami et Messaoud, de diverses régions d’Algérie.

Des familles d’origine algérienne se trouvent aussi dans la région d’Al Aghouar (ouest de la Jordanie) telle que la famille Boudjabir dont l’un des membres, propriétaire terrien, était le maire de la commune d’Al Chouna du nord.

* Article publié la première fois en Juin 2009 ( Agence Press Service)

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