Sinai
Moyen Orient

Le Sinaï : un laboratoire pour sauver la planète ?

Sinai. Fascinant projet ou simple mirage ? L’ingénieur hollandais Ties van der Hoeven s’attaque à un défi colossal : transformer une vaste étendue du désert du Sinaï en une terre fertile et verdoyante. Son objectif ? Lutter contre le réchauffement climatique, créer des emplois et redonner vie à la faune et à la flore locales.

Un désert autrefois florissant

La péninsule du Sinaï, en Égypte, est aujourd’hui aride et désolée. Pourtant, il y a des milliers d’années, cette zone triangulaire reliant l’Afrique à l’Asie était pleine de vie, selon van der Hoeven. Mais des années d’agriculture et d’autres activités humaines l’ont transformée en un désert stérile.

Un plan ambitieux : reverdir 35 000 km²

Van der Hoeven est convaincu de pouvoir redonner vie au Sinaï. Il a passé des années à peaufiner son initiative visant à restaurer la vie végétale et animale sur une zone d’environ 35 000 km², soit une superficie légèrement supérieure à la Bretagne. L’objectif est triple : absorber le CO2 responsable du réchauffement climatique, augmenter les précipitations et apporter nourriture et emplois aux populations locales.

Une solution face à de multiples crises ?

Pour van der Hoeven, il s’agit d’une solution à de nombreux problèmes mondiaux. « Nous détruisons notre planète d’une manière effrayante », a-t-il déclaré à CNN. « Le seul moyen holistique de sortir de cette situation est une régénération écologique à grande échelle. »

Une technique controversée

Les projets de reverdissement des déserts ne sont pas nouveaux, et celui-ci s’inscrit dans une tendance mondiale visant à transformer les paysages arides. L’objectif est souvent de stopper la désertification, la dégradation progressive des terres sèches, un phénomène que les Nations Unies qualifient de « crise silencieuse et invisible qui déstabilise les communautés à l’échelle mondiale ».

Cependant, le concept est également controversé. Les critiques affirment que la transformation des déserts est une approche non éprouvée, extrêmement complexe et pouvant affecter négativement l’eau et la météo de manière imprévisible.

De l’ingénierie hydraulique à la restauration écologique

Le parcours de van der Hoeven est étonnant pour quelqu’un qui veut sauver la planète. En tant qu’ingénieur hydraulique chez DEME, une société belge de dragage, il a travaillé sur des projets tels que la construction d’îles artificielles à Dubaï.

Mais en 2016, sa carrière prend un tournant lorsqu’il participe à un projet visant à aider le gouvernement égyptien à rétablir les populations de poissons en diminution dans le lac Bardawil, une lagune salée du nord du Sinaï. Son plan ? Ouvrir la lagune en créant des entrées de marée et en draguant des « canaux de marée » pour faire circuler davantage d’eau de mer, la rendant ainsi plus profonde, plus fraîche et moins salée, et favorisant la vie marine.

De l’étang à la revitalisation du désert

C’est en étudiant le terrain sur Google Earth que van der Hoeven a remarqué le tracé d’un réseau d’anciens cours d’eau asséchés sillonnant le Sinaï, laissant présager un passé verdoyant. Analysant des modèles météorologiques et des études écologiques, il a commencé à établir des liens.

Les sédiments dragués du lac Bardawil pourraient servir à reverdir les environs. « Ils sont salés, mais ils contiennent de nombreux nutriments et minéraux essentiels à la restauration des terres », explique-t-il.

Par quoi commencer?

Il commencerait par les zones humides autour du lac, en les agrandissant pour attirer les oiseaux et les poissons. Ensuite, il s’attaquerait aux montagnes de la région, en pompant les sédiments du lac et en les superposant pour créer des sols propices à la croissance de différents types de plantes résistantes au sel. Cela permettrait de revitaliser les sols, de réduire le taux de salinité et de rendre la terre capable de supporter une plus grande variété de végétaux.

Un effet domino positif sur la météo ?

L’idée centrale de van der Hoeven est que l’ajout de végétation au paysage entraînera une augmentation de l’évaporation, la formation de nuages et les précipitations. Cela pourrait même modifier les vents, l’écologisation de la région pouvant ramener des flux d’air

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