Algérie Juin 1962
Algerie, Histoire

Les prémices de la discorde : l’été 1962, l’Algérie au bord de la crise

Début juin 1962, l’Algérie, à peine libérée, plonge dans une période de forte tension. Le congrès de Tripoli, qui réunit les leaders de la révolution entre le 27 mai et le 7 juin, débouche sur une division profonde. Les responsables politiques se scindent en deux factions, chacune revendiquant la légitimité pour diriger le pays. Le conflit éclate au grand jour, marquant le début de ce que l’on appellera la « fitna » de l’été 1962.

Deux camps, une lutte de pouvoir

Ces deux groupes, aux visions divergentes pour l’avenir de l’Algérie, se sont clairement identifiés :

  • Le groupe de Tlemcen : Il se rassemble autour de figures comme le président Ferhat Abbas, Ahmed Ben Bella et Mohamed Khider.
  • Le groupe de Tizi Ouzou : Il est mené par le trio Benyoucef Benkhedda (alors président du Gouvernement provisoire de la République algérienne, GPRA), Karim Belkacem et Mohamed Boudiaf.

Tentatives de médiation et aggravation des tensions

Les efforts pour trouver un consensus échouent.

L’initiative avortée de la Wilaya III

Les 24 et 25 juin, la Wilaya III (Kabylie) tente d’organiser une réunion élargie. Elle invite les leaders de toutes les wilayas pour discuter de la situation et élaborer une plateforme de gouvernance. Cependant, cette initiative ne fait pas l’unanimité. Certaines wilayas y participent partiellement, tandis que d’autres s’abstiennent totalement. Ces dernières la considèrent comme une démarche isolée visant à imposer la suprématie du groupe de Tizi Ouzou.

La destitution qui met le feu aux poudres

Le 30 juin, une décision explosive est annoncée. Signée par le président Benyoucef Benkhedda et entérinée par le GPRA, elle prononce la destitution du colonel Houari Boumédiène de son poste de chef d’état-major de l’Armée de Libération Nationale (ALN) et le prive de son grade militaire. Ses proches collaborateurs, Ali Mendjeli et Kaïd Ahmed, sont également révoqués.

Cette décision, cependant, reste lettre morte. Personne ne l’exécute. Au lieu de calmer les esprits, elle aggrave la crise. Elle précipite l’entrée de l’armée dans le conflit ouvert entre les factions politiques. Son chef, Houari Boumédiène, rallie ouvertement le groupe de Tlemcen, changeant ainsi le cours des événements et préparant le terrain pour la guerre civile qui éclatera peu après.

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